lundi 14 avril 2008

L'épilogue du consulat

L'après-midi du consulat elle a osé m'envoyer un sms comme quoi je l'avais déboussollée.

Je la hais.

Je suis allé la chercher à la gare.

Je la hais.

Elle a fait la gueule toute la soirée.

Je la hais.

J'ai essayé de discuter, pour détendre l'atmosphère mais aussi pour s'expliquer, présenter mon point de vue pour essayer d'analyser la situation, bref de faire ce qu'elle me demande de faire en permanence : parler !

Je la hais.

Tu parles Charles ! Elle s'est renfermé sur elle-même et n'a jamais voulu admettre ce qu'elle a fait.

Je la hais.

Sur ce thème elle n'a trouvé comme seule excuse que le fait d'avoir paniqué. Je suis tombé sur les fesses et ai compris que jamais je n'arriverai à lui faire entendre raison si ce n'est au prix d'au moins une soirée perdue à se faire la gueule. J'ai donc plutôt opté pour la soirée réussie car j'étais épuisé et n'avais plus la force de me battre pour ça.

Je la hais.

Je me suis donc moi aussi enfermé sur moi-même, tout en prenant soin de veiller aux fondamentaux : s'occuper du dîner, de mettre un Scrubs, de lui faire sa bouillotte, bref d'être le mari idéal pour qu'elle me foute la paix. Si j'étais parano, je me penserai manipulé. Qu'en pensez-vous docteur ? Bien sûr, pas question que j'aborde un jour cette question avec elle. ("Quoi ?! Comment oses-tu penser un seul instant que je puisse te manipuler ?...")

Je la hais.

Elle a tout de même trouvé le moyen de me dire à un moment que je n'avais pas besoin d'être si miéleux avec elle. Ben tiens.

Là je l'ai haïe encore plus que tout.

Elle a fini par me demander comment s'est passée ma journée. J'ai dit le stricte minimum. J'ai gardé pour moi le plus précieux. Ma discussion privilégiée avec ma collègue de travail, dans le couloir, le moment où je lui ai sussuré quelques mots dans l'oreille, sans que personne ne nous voit. Un joli moment volé ! Puis le déjeuner où je lui ai confié l'avenir de notre couple, et où elle m'a indiqué comment trouver un moyen de ne pas me séparer de ma femme à la fin de son contrat. N'est-ce pas formidable ? Finalement les gens sont biens parfois. A petit dose. Ma théorie est une fois de plus confirmée : je veux vivre seul.

Je la hais.

Je n'ai pas évoqué non plus les moments difficiles à vivre où je ne savais plus où me mettre devant mon stagiaire. Je suis triste et heureux à la fois.

Je la hais.

Ce matin je me suis fait la réflexion qu'après tout, mes insultes envers elle n'étaient que bien méritées après ce qu'elle m'avait fait, et que la voir souffrir à ce point était ma récompense pour mon réalisme et mon pragmatisme au moment où elle avait besoin d'un bon choc pour la remettre en place.

Je la hais et je m'aime !

Tout va bien.

Le consulat

J'ai fait pas mal de boxe dans le vide aujourd'hui.

Elle est allée à Paris pour une demande de visa au consulat. Elle a emporté son ordinateur portable pour ne pas s'ennuyer dans le train. Son cher ordinateur portable qui a pris la place du malheureux disque dur en pole position dans son coeur.

Comme le formulaire du consulat indiquait que les ordinateurs portables ne sont pas admis, la veille je lui ai recommandé d'aller le déposer chez mes parents en arrivant à Paris. Bide total. Mais oui bien sûr Temana, tu ne te souviens pas ? Tu es incapable d'avoir une bonne idée.

Aujourd'hui elle s'est donc retrouvée devant le consulat avec un policier lui disant qu'elle ne pourrait jamais rentrer avec ça et qu'il n'y a pas de vestiaires pour le déposer. Ben tiens, on n'est pas à l'opéra non plus. Donc elle se retrouve un peu conne à devoir paniquer, puis à m'appeler. Enervement total de sa part quand je lui propose l'idée d'aller au boulot de ma mère déposer l'ordinateur et de revenir au consulat. Après moult raccrochages au nez, elle m'explique enfin que si elle part de la file, en revenant ce sera pire. Ben voilà, je peux comprendre quand on m'explique. Mais non il faudrait que je devine tout.
Au passage notons qu'elle n'a sorti aucune idée et que c'est à moi d'avoir l'idée qui va la sortir de la merde dans laquelle elle s'est fourrée parce qu'elle n'a pas suivi mes conseils avisés.

J'étais en train de travailler avec mon stagiaire. En entendant le ton de sa voix je suis sorti. Il pleut. Je ne peux pas rester sous le porche, trop de passage, et les gens fument. Je pars vers la halle d'essai et m'arrête sous un abri de stockage. Pas très discrêt mais je ne trouverai pas mieux. Voilà l'endroit où se passe la majeure partie de ces conversations téléphoniques, pendant lesquelles je ne peux m'empêcher de hausser le ton de la voix et de faire les cent pas comme un italien.

Enfin, je lui propose que ce soit ma mère qui vienne lui prendre l'ordinateur. Elle accepte mais bien évidemment c'est à moi d'appeler ma mère. Heureusement qu'elle est là ma maman. Il faudra que je lui offre quelque chose. Je ne sais pas encore quoi.

Et voilà, l'affaire est résolue par une de mes superbes idées finalement, mais je ne suis pas très fier de celle là et j'aurai préféré ne pas être mis au pied du mur.

Bref : Salooooooooooooooooooooooooooooooooooope !!!!

dimanche 6 avril 2008

L'insomnie

Bientôt 2h du mat', nuit blanche.

Je n'arrive pas à dormir. Trop de stress.

Cette semaine elle est tombée malade. Elle est alors devenue in-sup-por-ta-ble.
C'était juste une pharyngite. Maladie banale qui faillit bien évidemment la faire mourir plusieurs fois.
Je suis alors devenu un larbin. Incapable d'avoir une réflexion productive, toutes mes propositions restaient lettre morte. "Il faut aller chez le médecin" lui dis-je. "Mais non pas besoin et puis pas le temps, passe plutôt à la pharmacie m'acheter des médicaments" me rétorque-t-elle.
Résultat : près de 60 euros de pharmacie, tout ça pour des médicaments inefficaces !
Jeudi ce fut le pompon. Le matin, elle est au plus mal. Au prix d'efforts de négociation infinis, je parviens à la persuader de rester à la maison. Elle m'indique alors que son stagiaire a une réunion ce jour et qu'elle doit lui dire la salle. Le nom de la salle se trouve dans un de ses mails.
Je vais donc à l'ordinateur, armé de son mot de passe. Malheureusement trois essais infructueux plus tard le compte était bloqué. Elle avait oublié de me signaler une majuscule.

Je pars donc en lui promettant qu'en arrivant j'irai illico prévenir le-dit stagiaire.

Le hasard est en marche. Au boulot, personne. Pas de stagiaire, pas de chef, et une réunion qui m'attend à 9h. J'y vais !
A 8h59, elle appelle. Je décroche en sortant précipitamment de la salle, devant mes pairs. Je réponds rapidement que je suis en réunion et que son problème n'est pas trop grave, sous entendu qu'elle peut se débrouiller seule.
La réunion passe et je reçois des messages et sms très véhéments, me reprochant d'avoir bloqué le compte et d'être insensible, soulignant que si elle était en train de mourir, je ne serai pas là pour elle.
T'es pas en train de mourir connasse alors te plaint pas !!!

Il paraît que pour débloquer un compte il faut qu'une autre personne envoie un mail à une adresse particulière en disant "je demande que l'on débloque le compte tant de ma collègue". J'envoie donc. Peu après je reçois la réponse de déblocage, mais ça ne fonctionne toujours pas.
La réunion est enfin finie. Je vais dans mon bureau, chamboulé par les appels incessants et les messages menaçants. J'envoie un nouveau message pour demander cette fois-ci la réinitialisation du mot de passe. Peu après je reçois son nouveau mot de passe et me connecte. Je découvre alors qu'elle avait en fait réussi à se connecter après ma première opération, le tout sans m'en avertir ! Du coup, j'ai eu droit à une scène mémorable où elle m'a reproché d'avoir trop bien fait.

Entretemps, tout cela m'a donné un mal de crâne invalidant. Je vais déjeuner à l'extérieur, une salade, tout ce que je peux avaler. Je cherche un endroit sympa en voiture pour m'installer. Je trouve une rue dans un village des alentours, d'où l'on a un splendide panorama sur Auchan...
Je déprime un peu mais la tête va mieux.

De retour au bureau je l'ai au téléphone et le ton est pire que jamais. Elle ose me dire qu'elle se demande si j'ai encore envie de vivre avec elle. Elle sait que ce genre de manipulation simpliste marche pas mal sur moi. Seulement là je suis excédé et je lui réponds du tac au tac que oui, je ne veux plus vivre avec elle. "That was this close, Jef !" Enervements de sa part, et une phrase clef : "Tu crois qu'on peut me quitter aussi simplement que ça ?" Comme si j'étais vraiment prisonnier. C'en est du moins une sorte d'aveu. Je raccroche.

Peu après, elle m'envoie un message pour me dire que quand je suis dans la merde elle me soutiens. Sous entendu mon gars, t'as pas le droit de me lâcher. Quelques instants plus tard, je l'appelle et fait comme si de rien n'était en lui demandant ce qu'elle a fait cet après-midi et ce qu'elle veut faire ce soir.

Et voilà, je suis rentré, tout a repris son cours et personne n'a reparlé de cette conversation ! Depuis je suis dégoûté et je cherche encore mes couilles pour tout lui déballer.
Qui plus est, ce week-end elle a bossé à mort et m'a mis à contribution. A nouveau je n'étais bon qu'à faire du powerpoint de base, de la cuisine, le ménage, etc.

Je ne m'estime pas vraiment. Je m'énerve moi-même. Je fais de la boxe dans le vide dans la cuisine, quand elle ne voit pas.

Je la hais.

Je vous laisse.