mardi 19 février 2008

La guerre

Hier soir, ce fut la guerre.

Nous rentrâmes fort maris par notre journée. Je n'eus qu'une seule envie en arrivant, me coucher. Hors ma mie, elle, voulut que son divertisseur habituel, moi, lui trouve une idée pour se les changer.
Malgré le vide intersidéral qui régnait dans ma tête à ce moment là, j'essayai de lui faire plaisir en lui amenant un petit goûter : des pommes coupées et des clémentines décortiquées avec du thé à la pêche.

Et là, grosse grosse gueule de sa part. Pas un mot. Je questionnai. Rien. Je cuisinai. Que de chique.
La soirée partit en sucette.

Nous décidâmes alors d'un commun accord tacite que nous allions passer la soirée chacun de notre côté. Elle se réfugia sur l'ordi. Elle finit avec le temps par me piquer mon meilleur pote. Je me retrouvai sur le canapé à mater la télé seul comme un crevard.
A un moment donné elle se décida à me parler et m'annonça que mon goûter fut de merde. Le thé chaud ne convenait pas à des clémentines froides, sans parler de l'acidité de ces petites bêtes là. Autrement dit, oubliées les lois impossibles à coupler que j'ai dû prendre en compte pour réaliser ce goûter : pas de soda car ça fait grossir et c'est froid, pas de petit gâteau car ça fait grossir, pas de chips ni de fromage car ça fait grossir. Bref, avec le goûter parfait, fruit d'une réflexion intense et rigoureuse, je me plantai.

Je ne me démontai pas et lui répondis de se taire. Ce qu'elle ne fit pas. Alors j'allai sur une chaise et lui fis mon pire regard, que je ne devais plus quitter de la soirée. Sourcils froncés, bouche tombante, yeux perçants. C'est dur à maintenir, mais ça vaut le coup. Grâce à cela je calmai sur le champ la discussion et réussis à embrayer sur la télé, une émission sur l'eau.

Puis ma mère appela. Elle ne pouvait pas trouver meilleur moment ! J'essayai de faire semblant mais je n'arrivai pas à desserrer les dents. Cela me fit plaisir tout de même, comme une pause de douceur dans cette soirée à jeter par la fenêtre.

Je continuai ma gueule jusqu'au dîner puis en soirée. Pendant ce temps, elle reprit une attitude normale, et même inquiète pendant le film. Et moi, que de la gueule, une bonne grosse gueule, et elle qui ne pouvait rien dire. Ce fut jouissif.
Elle tenta des câlins, tenta de me faire parler. Rien. Je lâchais les quelques mots nécessaires pour qu'elle ne m'emmerde pas et qu'on ne parte pas sur des débats philosophiques du type "et nous ?".

Et enfin vint le coucher salvateur. Je pus lire un bout du Zubial. Une vraie délivrance. Je le lus à haute voix. Je veux lui lire tout le bouquin à haute voix, avec l'espoir vain qu'elle comprenne un jour.
Ensuite nous nous endormîmes jusqu'au matin.

Je ne quitte pas ma gueule. La suite au prochain épisode.

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